Femmes et sculpture du XIVe s.

Publié le par Jean-Philippe


Arnorlfo di Cambio, Madonne
(la figure appartenait à un groupe représentant la naissance de Jésus),
c. 1310, Museo dell'Opera del Duomo, Florence


Idem




Arnorlfo di Cambio, Madonne à l’Enfant, c. 1310, idem
Détails 1, 2, 3




Arnorlfo di Cambio, Ste Reparata (la figure appartenait à un groupe
représentant la naissance de Jésus),
c. 1310, Museo dell'Opera del Duomo, Florence


Sur Ste Réparate, cf également ici (marbre, Pisano Andrea, c. 1340, Museo dell'Opera del Duomo, Florence).




Tino da Camaino, c. 1321, marbre, 136 cm,
Museo Bardini, Florence


Idem

Autre représentation de la Charité par le même artiste.
Les pensées auraient-elles changé en 150 ans ? Car l’image de cette femme-mère allaitant deux enfants me fait penser à l’image opposée, celle de la femme lascive (allégorie de la perversité ou image d’une forme de damnation), avec un serpent et un crapaud mordant ses seins ; comme au portail roman de la Basilique de St Sauveur (Dinan) mais aussi à Moissac :


église abbatiale de Moissac
Mais les mentalités et les symboles ont la vie dure : encore au XXe siècle, la figure infernale de Moissac se retrouve dans la pensée rurale, ainsi que Corrine Boujot le montre dans « Corps à corps de bêtes et de gens : envenimation et représentations du corps dans le folklore français (XIXe-XXe siècles) » :

« Il est une autre production domestique engageant des animaux sur laquelle interviennent fréquemment les bêtes à venin, le lait. En effet, les reptiles et les batraciens ont la réputation d’aimer le lait. On entend encore aujourd’hui dire que, poussés par cet appétit, ils pénètrent dans les étables pour y téter les vaches et boire leur lait jusqu’à l’ivresse. (…) Cette appétence pour le lait est prêtée aussi bien au serpent (couleuvres et/ou vipère), qu’au crapaud (en divers endroit appelé “ tète vache ”), à la salamandre (appelée “ tète-vache ” dans les Vosges et en Haute-Savoie), au lézard.
La sphère dans laquelle nous restons — l’espace domestique du poulailler et de l’étable — comme les activités qui s’y déploient autour des animaux et de leurs produits sont, dans la société paysanne, essentiellement féminines. L’intervention des bêtes à venin est placée sur deux registres : économique et physiologique. L’aspect économique porte sur les produits concernés, l’œuf et le lait, mais le principe explicatif de la cause et des effets du risque encouru — intrusion de la bête à venin et transformation du produit en substance venimeuse — déploie des représentations du corps féminin en tant que siège des processus de fécondation, de gestation et de lactation.
C’est autour de l’allaitement que le transfert du discours et des représentations est le plus évident. Marlène Albert-Llorca recueillit dans la région d’Alicante, en Espagne, un témoignage impliquant l’allaitement d’un serpent par une femme. Or, cette croyance était répandue dans le folklore français, les serpents, lézards et salamandres suçaient aussi le lait au sein des femmes et aux commissures des lèvres des nourrissons. La femme, comme précédemment la bête, était alors menacée de dépérissement. Eugène Rolland rapporte une petite histoire de Franche-Comté : deux femmes se querellaient quand l’une, exaspérée, dit à l’autre : “ Que le serpent te tette ! ” et aussitôt un serpent se jeta sur la femme maudite et s’attacha à son sein. »




Domenico di Agostino, Vierge de l’Annonciation, bois polychrome, 181 cm,
1369, Museo Civico e Diocesano d'Arte Sacra, Montalcino





Jeanne d'Évreux et Charles IV, 1,12 m,
gisants en marbre pour les tombes contenant
les organes vitaux de la reine et du roi, 1370-1372, Louvre

Deux animaux sont présents aux pieds des époux. Leur présence est fréquente dans l’art funéraire.
Jeanne d’Evreux pose ses pieds sur deux chiens, symboles pour une femme veuve de sa fidélité envers la mémoire de son époux. Les pieds de Charles IV reposent sur un lion et une lionne. Ils sont les symboles de la force et la preuve du rejet de la tentation et du péché.
Rque : Le corps de Charles IV fut placé à Saint-Denis, son cœur aux Frères Prêcheurs de Paris, ses entrailles à Notre-Dame-la-Royale à Maubuisson.




Nino Pisano, Madonne allaitant, c. 1360, marbre, 89 cm,
S. Maria della Spina, Pisa

Voir Madonne à l’enfant du même sculpteur + commentaires.





Jeanne de Bourbon, c. 1365-1380 (période : Charles V (le Sage)),
Musée du Louvres, Jean de Liège,
Aile Richelieu - Rez-de-chaussée - Section 9


Jeanne de Bourbon, détail, idem




?, Pleureuse, 38,2 cm, marbre, 1380-1400,
Museum Mayer van den Bergh, Antwerp



 
Madonne à l’enfant, 1370-1380,
bois peint, 111 cm, Hungarian National Gallery, Budapest.

Voir aussi
cette autre madonne hongroise, 1340-1360,
bois peint, 111,5 cm, id., Budapest.

Publié dans Arts et histoire(s)

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